Escale aujourd’hui en Australie. Bon d’accord, les Australiens ne sont pas réputés être des danseurs émérites. Bouger leur corps en musique ne fait pas partie de leurs passions. Mais en y cherchant bien, il existe sur le territoire, une communauté pour qui la danse est un élément important. Quoi ? Qui ? Vous avez sans aucun doute entendu parler des Aborigènes ? Pour eux, la danse est à part, liée à la beauté, à la philosophie, à la nature.

La découverte de la danse aborigène

Plusieurs ethnies occupent le sol australien. Et celles-ci ne vivent pas toutes de la même manière. Elles se sont en effet adaptées à leur environnement (désert du Walpiri, Nord du pays, Centre Rouge…). Tradition et culture restent un point très important pour ce peuple et s’illustrent principalement à travers les arts. Vous avez sans doute déjà vu des peintures ou entendu des chants accompagnés du mythique didgeridoo.

La danse a aussi un rôle important comme vecteur incontournable pour transmettre aux plus jeunes ces coutumes. J’ai pu m’en rendre compte lorsque j’ai posé le pied sur le territoire australien alors que s’y tenait le festival Cape-York qui a lieu fin juin (tous les deux ans) dans le Queensland. Je n’avais pas prévu cet événement et qu’elle fut ma surprise de pouvoir découvrir un rassemblement d’une trentaine de communautés mettant en lumière leurs traditions dont naturellement la danse.

J’ai alors découvert que la musique et la danse sont des éléments essentiels et évidemment, j’ai voulu en savoir plus.

Les Aborigènes et la danse, une longue histoire

Impossible lors d’une découverte de la culture aborigène d’ignorer la danse. Les plus connues sont les clapping sticks, des battements tribaux qui accompagnent le didgeridoo. Des chants peuvent aussi être entendus en rapport avec la nature et le folklore. Car en effet, la danse aborigène est en fait un conte en lien direct avec le «Temps du Rêve». Il faut ici que je fasse une petite digression pour vous expliquer rapidement ce qu’est cet élément central de la culture aborigène. Le temps est pour eux un moment qui combine à la fois le passé, le présent et le futur. Il n’est pas linéaire comme dans nos traditions.

Un Aborigène est en contact avec ses ancêtres via la danse. De même avec leurs futurs descendants. C’est lors de ces manifestations corporelles que les danseurs vont raconter ce qui s’est passé, ce qui se passe et ce qui se passera via une gestuelle inventée par les Êtres du Rêve. Même si les danses sont un message codé très précis, il est possible d’ajouter des mouvements et ainsi actualiser le Rêve.

Les Aborigènes considèrent la danse comme un message mais aussi comme un élément de cohésion qui va permettre d’affirmer leur identité commune. Danser peut aussi selon les ethnies prendre d’autres significations. Pour les Yolngu, danser signifie posséder la Loi délivrée par le Temps du Rêve mais aussi un devoir (et un travail). Si l’on sait danser, on sait transmettre. La danse prend aussi une valeur de jeu car pour les Aborigènes (et pour beaucoup d’autres !), danser est un plaisir qui procure de la joie.

La danse a aussi une valeur importante comme outil de résistance. Dès la colonisation du pays au XVIIIème siècle, les autochtones mettent les danses au cœur de leur opposition. C’est un message commun d’une grande valeur dont les gestes ne sont connus que des «initiés».

Une danse mystérieuse

Quelle que soit l’ethnie, les danses des Aborigènes sont avant tout un langage. Les connaisseurs pourront y retrouver des mouvements typiques de certains animaux (du kangourou à la chenille). C’est ainsi une façon de mettre dans l’ambiance le spectateur qui pourra observer une jeune femme imitant un héron brolga qui saute sur une jambe, avec les coudes repliés pour simuler les ailes.

Les danseurs ont tous des visages peints à l’ocre, qui rappellent les symboles de la peinture si importante pour ces communautés.

Observer une danse aborigène, c’est voir des danseurs faire des sauts très hauts, présenter des flexions des pieds (entre autres) très accentuées, des corps qui s’emballent au son des percussions, effectuent un travail au sol d’une vitesse incroyable ou qui au contraire font des mouvements ralentis totalement envoûtants. Toute la scénographie transporte dans les vastes espaces de prairies australiennes, fait ressentir le vent souffler, permet de s’imaginer les animaux et de rencontrer les ancêtres.

Les danses sont réalisées en groupe mais chaque danseur/acteur est un élément important que l’on cherche à individualiser. C’est un ensemble d’unités qui racontent la même histoire à sa façon et cela donne un effet étonnant et, je vais le dire somptueux !

En tant qu’animistes, les Aborigènes utilisent aussi différents objets comme des branches, des plumes, des feuillages, des glaives de bois…

La danse est donc un élément d’une rare importance pour les Aborigènes d’Australie. C’est un message qui fait honneur à la nature, à leur culture, à leur histoire et au Temps sur Rêve. Plusieurs festivals sont proposés tout au long de l’année pour découvrir ces danses. Ainsi, si vous passez par Sydney fin novembre, vous pourrez réserver votre place à l’Opéra pour assister au Dance Rites. Vous pourrez même vous initier à cette danse au festival Yabun, le 26 janvier. Si vous êtes sur place en avril, vous avez la possibilité d’assister au festival Tjungu à Uluru. Vous le voyez, la danse des premiers habitants reste un élément essentiel de la culture australienne et mérite d’en savoir plus même.

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